Paracha Vayishla’h - וַיִּשְׁלַח

 

 

Yaakov voyage en direction de « Erets Israel » pour retrouver ses parents Ysaak & Rivka.

Sur la route, il envoie vers le pays de Sé’ir via des  messagers plusieurs cadeaux (menus bétails et grands bétails) à son frère ‘Essav en espérant que ça apaisera sa colère dû au fait que 36 ans en arrière il lui avait ‘volé’ la bénédiction que devait lui donner Ysaak…

 

On voit dans la Parasha que dans un premier temps Yaakov a prié pour que ‘Essav ne se venge pas, et dans un second temps il a envoyé des cadeaux et les tentions ont diminué entre eux…

En effet, comme il est enseigné dans la Guemara : En cas de mésentente dangereuse (danger de mort) avec autrui, il faut tenter dans l’ordre les 3 recours suivants pour rétablir la situation :

 

1 - La « Téfila », prier pour la paix…

2 - Les Cadeaux, pour renouer des liens et tenter de calmer la situation…

3 - La guerre, si on a pas le choix.

 

Quand Yaakov prépare les cadeaux pour ‘Essav, il est marqué : וַיִּקַּח מִןהַבָּא בְיָדוֹ, מִנְחָהלְעֵשָׂו אָחִיו  « Il prit de ce qui venait dans sa main, une offrande pour ‘Essav son frère ».

 

* Rachi explique que מִןהַבָּא בְיָדוֹ veut dire : ברשותו (« Birchouto » = en sa possession, avec permission).

 

- Il est évident que Yaakov ne va jamais offrir des biens qui ne lui appartiennent pas ! Alors, quel est le sens de cette interprétation ברשותו ?

 

- Dans la « Guemara Massekhet ‘Avida Zara », il est dit que chez un maître juif, les esclaves non-juifs doivent appliquer les mêmes « Mitsvote » qu’une femme juif (ex : ne mets pas les « téfiline » mais doit faire « shabbat »…)

Et pour ne pas empêcher un jour cet esclave de pratiquer ces « Mitsvote », il est interdit au maître juif de le vendre à un maître non-juif ! surtout s’il est idolâtre !...

- Et dans la « Guemara Massekhet Bérakhot », il est souligné que si le maître juif décide quand bien même de le vendre, il devra payer un « Knass » une amande d’une valeur de 100 « Zouz ».

 

ð     On comprend alors le sens de ברשותו. « En sa possession, avec permission » veut dire qu’il offrira uniquement les bétails à son frère non-juif ‘Essav, et pas les esclaves non-juifs (les messagers) qui les transportaient.

 

- Sachant que ‘Essav était idolâtre, comment Yaakov a pu lui offrir du bétail ? ‘Essav pourrait les utiliser pour son culte idolâtre !

 

* Le Midrash raconte que מִןהַבָּא בְיָדו signifie en fait que Yaakov a pris sans choisir ce qui lui passait sous la main pour constituer le bétail qu’il allait offrir à son frère ‘Essav l’idolâtre.

Il est même mentionné qu’il le faisait à contre cœur !

àEn effet, dans la Parasha précédente nous avions vu que les pierres sur lesquelles Yaakov s’était couché ont fusionné pour ne former qu’une unique pierre car elles voulaient toutes être en contact avec Yaakov le « Tsadik ».

 

On apprend de là que si les minéraux (matières ‘mortes’ comme les pierres) veulent avoir une bonne mission sur terre, à plus forte raison pour les espèces végétales et Animales.

ð     Les animaux de Yaakov se plaignaient d’être destinés à ‘Essav l’idolâtre, et c’est la raison pour laquelle Yaakov a pris « ce qui venait dans sa main » c'est-à-dire sans les choisir vraiment et à contre cœur car il n’avait pas le choix vu que c’était le deuxième recours pour essayer de rétablir la paix avec son frère.

 

 

Un soir, sur la route, Yaakov traverse un torrent et fait passer tous ses animaux et ses biens d’un bout à l’autre…L’essentiel ayant déjà été transporté, il avait oublié de menus ustensiles (comme le précise Rachi) et en retournant les chercher il se retrouva face à un homme avec qui il lutta toute la nuit… Nos maîtres ont expliqué que l’homme en question était l’ange gardien de ‘Essav. Il vit qu’il ne pouvait l’emporter contre Yaakov alors il le toucha au creux de la cuisse, mais Yaakov ne le lâcha pas pour autant jusqu’à obtenir une « Berakha » (bénédiction) de sa part…

 

L’ange bénit Yaakov en disant : אֱלֹהִים עִם וַיֹּאמֶר, לֹא יַעֲקֹב יֵאָמֵר עוֹד שִׁמְךָכִּי, אִםיִשְׂרָאֵל כִּישָׂרִיתָ  « Ton nom ne sera plus dit Yaakov mais Israël, Car tu as lutté... et tu l’as emporté…» 

Le nom « Israël » vient du mot (« Saritha » = tu as lutté), mais vient aussi du mot (« Sar El » le chef ou prince de Hachem)…

 

- On peut se demander pourquoi l’ange gardien de ‘Essav a voulu dans sa bénédiction changer le nom de Yaakov en « Israël » ? Y’a t-il un intérêt particulier à cela ?

 

Le Midrash raconte qu’en voulant changer son nom, il voulait que la « Bérakha » qu’il avait reçu par Ysaak son père en tant que « Yaakov » soit annulée.

à Cependant nos sages nous enseignent que cela fut un échec. Car le nom « Israël » est considéré uniquement comme un deuxième nom et non pas un nouveau nom qui remplace totalement le précédent. (Contrairement au prénoms : « Avram » remplacé par « Avraham » / « Saraï » remplacé par « Sarah » / « Yochoua » remplacé par « Yéochoua »).

Pour ne pas perdre ses « Berakhot », « Israël » est toujours considéré comme un second prénom. En effet, on appelle toujours Yaakov par « Yaakov » et non pas « Israël ».

 

Comme nous le disons tous les jours dans la Téfila du matin כי יעקב בחר לו יה ישראל לסגלתו « Car Hachem a fait choix de Yaakov et d’Israël il a fait son peuple élu… »

 

- Sens de Yaakov et Israël :

 

CHOIX - « Yaakov » à En général, on fait un choix entre 2 ‘choses’ plus ou moins équivalentes. Ici c’est entre les 2 fils de Ysaak que Yaakov a été préféré à son frère ‘Essav.

Nos sages nous font remarquer que même si les descendants de Yaakov se comportent comme les descendants de ‘Essav (idolâtre et païen), et qu’en apparence ils leur ressemblent (et sont donc équivalents), le choix d’Hachem sera toujours penché vers les descendants de Yaakov…

 

ELU - « Israël » à Si les descendants de Yaakov appliquent la Torah et pratiquent les « Mitsvot », ils méritent d’être appelés « Israël », c’est à dire « ‘Am Ségoula » le peuple élu.

 

 

Avant de traverser le torrent, il est marqué : יְלָדָיו וַיִּקַּח אֶתשְׁתֵּי נָשָׁיו וְאֶתשְׁתֵּי שִׁפְחֹתָיו, וְאֶתאַחַד עָשָׂר « Yaakov prit ses 2 femmes et ses 2 servantes et ses 11 enfants… ». Or, nous savons bien que Yaakov avait à cette époque là 11 fils (car Binyamin le 12eme fils n’était pas encore né), et 1 fille qui s’appelait « Dina ».

 

* Rachi pose la question, Où était Dina ? et répond que Yaakov l’avait caché dans une caisse verrouillée pour ne pas que ‘Essav remarque sa beauté et ne la désire…

 

- Pouvons nous supposer simplement que Dina faisait parti des 11 enfants et que peut être un des fils de Yaakov s’était absenté pendant la rencontre avec ‘Essav ?

 

* Midrash : Le Agra, le ‘Hida, et le Gahon de Vilna racontent que plus tard, lorsque que les 12 « Shevatim » (12 Tributs : les descendants des 12 fils de Yaakov) ont partagé « Erets Israël » (la terre d’Israël), on a décidé de construire le « Beth Hamikdash » (Temple) sur le territoire de Binyamin (à Har Hamoria, Yerouchalaïm) car il n’était encore né le jour de la rencontre avec ‘Essav et donc pas présent pour se prosterner devant lui pour le saluer comme l’avaient fait ses frères.

=> Par se Midrash on apprend que ce mérite ne revenait qu’à Binyamin et par evidence que les 11 autres frères étaient bien présents pour saluer ‘Essav.

Donc on en déduit comme Rachi que c’était bien Dina qui manquée au compte des 11 enfants.

 

 

Quand Yaakov vit ‘Essav venant accompagné de 400 hommes, pour sécuriser sa famille, il se mit en 1er  rang et répartit derrière lui ses enfants avec Léa et Ra’hel et avec ses 2 servantes comme il est dit : אַחֲרֹנִים, וְאֶתרָחֵל וְאֶתיוֹסֵף אַחֲרֹנִים וַיָּשֶׂם אֶתהַשְּׁפָחוֹת וְאֶתיַלְדֵיהֶן, רִאשֹׁנָה וְאֶתלֵאָה וִילָדֶיהָ  « Il mit les servantes et leurs enfants en 1er, et Léa et ses enfants derrières, et Ra’hel et Yossef en derniers »

 

* Rachi nous enseigne (« A’harone A’harone ‘Haviv » = Au plus chéri le dernier rang).

- On peut se demander si Yaakov le Tsadik a vraiment pu disposer ses femmes inégalement ?

D’autant plus que d’après la « Halakha » (loi juive) : אין דוחין נפש לפני נפש en cas de danger de mort, on ne livre pas une vie pour en sauver une autre…

 

Dans « Michlé » il est marqué que Hachem protége les personnes qui ont de la peine, qui ne sont aimées, qui sont poursuivies ou persécutées… האלוקים יבקש את הנירדף

 

ð     Comme les servantes ne sont pas considérées comme les autres femmes et ont de la peine…

à D’après la citation du Michlé les servantes sont donc protégées par Hachem

ð     Léa était une femme « Tsanoua » (discrète), mais aussi un peu humiliée du fait qu’elle s’était faite passer pour sa sœur Ra’hel le soir des noces… (voir Parasha Vayétsé)

àD’après la citation du Michlé Léa est donc protégée par Hachem

ð     Ra’hel était la plus aimée des femmes de Yaakov

àD’après la citation du Michlé Ra’hel n’est donc pas protégée par Hachem, et c’est la raison pour laquelle Yaakov le Tsadik a voulu la protéger en la mettant derrière pour équilibrer ses chances par rapports à ses autres femmes…

 

 

Dans notre Parasha, Ra’hel met au monde Binyamim (le 12eme fils de yaakov). Dans la difficulté de son enfante ment, la sage femme lui dit : בְּלִדְתָּהּ וַתֹּאמֶר לָהּ הַמְיַלֶּדֶת אַלתִּירְאִי, כִּיגַםזֶה לָךְ בֵּן  « Ne craint point, car aussi celui-ci te sera un fils »

 

- Pourquoi la Sage femme emploi l’expression « ne craint rien » pour annoncer que c’est un garçon ?

 

Pirouch : En médecine, il est bien connu que l’accouchement d’une fille est en général plus difficile que celui d’un garçon. Comme Ra’hel voyait que ses souffrances étaient plus grandes que lors de son 1er accouchement elle craignait d’avoir une fille et de ne pas mettre au monde le 12eme fils de Yaakov qui formera la 12eme tribut du peuple d’Israël…

ð     C’est la raison pour laquelle la sage femme lui dit « ne craint rien… ».

 


La fin de la Parasha présente les descendants de ‘Essav et à un moment il est dit :

 עֲמָלֵק אֶת וְתִמְנַע הָיְתָה פִילֶגֶשׁ, לֶאֱלִיפַז בֶּןעֵשָׂו, וַתֵּלֶד לֶאֱלִיפַז « Et Timna’ était concubine de Elifaz, fils de ‘Essav, elle enfanta à Elifaz : ‘Amaleq … »

 

- Quel est l’intérêt de nous préciser que Timna n’était pas l’une des femmes de Elifaz mais la concubine ?

 

à Dans un passage de la Torah il est marqué לא תתעב אדומי כי אחיך הוא qu’il ne faut pas faire de mal à Edom (les descendants de ‘Essav) car c’est ton frère

à Dans un autre passage (Parasha Ki Tétsé) il est marqué תִּמְחֶה אֶתזֵכֶר עֲמָלֵק qu’il faut anéantir ‘Amaleq et sa descendance (alors que ‘Amaleq est fils Elifaz fils de ‘Essav)

Est-ce une contradiction ?

ð     Comme la Torah a bien précisé que Timna était une concubine nous apprend que ‘Amalek n’est pas un descendant normal de Edom… Donc ce n’est pas une contradiction.

 

* Le Midrash nous raconte que Timna était en fait la mère d’Elifaz et que donc ‘Amalek est issu d’un rapport incestueux.


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