Paracha Vay’hi - וַיְחִי

 

 

La Parasha Vayé’hi nous expose les bénédictions que Yaakov donne avant sa mort à ses enfants et ses petits enfants (les 2 enfants de Yossef : Ménaché et Efraïm)… Yaakov fait jurer à Yossef de ne pas l’enterrer en Egypte mais seulement à «’Hevron » à « Méarate Hamakhpéla » ,le  lopin de terre qu’avait acheté Abraham et où sont enterrés Adam et Hava, Avraham et Sarah, Ysaak et Rivka………(et par la suite Yaakov et Léa)

 

La Parasha commence par le Passouk שְׁבַע עֶשְׂרֵה שָׁנָה וַיְחִי יַעֲקֹב בְּאֶרֶץ מִצְרַיִם « Yaakov vécu dans le pays d’Egypte 17 ans… »

 

‘Hidouch : (d’après le « Harim »)

 

Yaakov est connu pour avoir comme 1ere qualité le אמת  (« EMET » : vrai &  honnête) comme il est dit : תתן אמת ליעקב (« Titene Emet Léyaakov » : Qui a donné le Emet à Yaakov, la bonté à Abraham…) et le ‘Hidouch nous enseigne qu’une telle qualité permet de surmonter tous les moments difficiles et affligeants de la vie comme ceux vécus par Yaakov (Lavan qui l’avait exploité, Son frère Essav qui voulait le tuer, Vente de Yossef qui était présumé mort…).

 

à Cet enseignement est déduit du mot מִצְרַיִם qui vient de la racine מצר (« Métsar » : affligé, étroit…) faisant allusion aux épreuves qu’a vécues Yaakov…

 

A – Pourquoi la Parasha Vayé’hi est elle « fermée » ? c.a.d pourquoi elle n’est pas séparée du paragraphe de la Parasha précédente par un alinéa comme toutes les autres Parashiot ?

 

* Rachi nous enseigne : « c’est parce que la Parasha contient le récit de la mort de Yaakov, laquelle a marqué le début de la souffrance de l’esclavage, et donc de la « fermeture » des yeux et des cœurs d’Israël… »

 

* Les ‘Hakhamim nous enseignent que l’alinéa entre 2 Parashiot sert à espacer 2 récits pour prendre le temps d’intégrer clairement les enseignements du 1er récit et de commencer à réfléchir sur ceux de la Parasha suivante.

 

à Or, Rachi précise que dans la Parasha Vayé’hi, le récit de la mort de Yaakov a « fermé les yeux et les cœurs d’Israël » ne laissant plus la place à une réflexion claire, c’est pour cela qu’il n’y a pas d’alinéa, pour ne pas faire une pause qui risquerait de perturber notre réflexion…

 

 

Question 1 sur Rachi - Comment Rachi peut-il affirmer cela alors que tant que l’un des « Shévatim » (les tribues, fils de Yaakov) était encore en vie, la souffrance en Egypte n’avait pas commencé ?

 

Dans le livre « Sefat Emet », un Midrash nous enseigne, qu’effectivement la souffrance physique n’avait pas encore commencé, mais qu’il n’en était pas de même pour la ‘souffrance spirituelle’, car la recherche de la vérité profonde (אמת הפנימי : « Emet Hapénimi ») commençait à se perdre et c’est ce qui marque le début de l’exil « La Gualoute »…

 

à En effet, Yaakov savait qu’il fallait se méfier de l’influence de la culture égyptienne et c’est pour cela que lorsqu’il descendit en Egypte il est dit : ויגר שם (« Vayaguer Sham » : il y résida) venant de la racine גר (« guer » : étranger) dans le sens où il y résida provisoirement. Alors que pour les Shévatim qui sont descendus en Egypte il est dit : וַיֵּאָחֲזוּ בָהּ (« Vayéa’hazou bah » : ils s’y fixèrent) dans le sens où ils s’implantèrent en Egypte sans se méfier de sa culture.

 

ð     C’est ce qu’exprime Rachi par : « La « fermeture » des yeux et des cœurs d’Israël », dans le sens où après la mort de Yaakov, les Shévatim sont devenus de moins en moins méfiant de l’influence de la culture égyptienne, qui accordait de l’importance surtout à l’aspect extérieur et aux artifices qui camouflent la réalité des choses…

 

Question 2 sur Rachi  - Peut-être que la Parasha précédente (Vayigash) et notre Parasha (Vayé’hi) ne font finalement qu’une Parasha ? D’où sait-on que ce sont 2 Parashiot distinctes, sachant qu’il n’y a pas de séparation entre elles ?

 

A la fin de la Parasha précédente Vayigash il est écrit : וַיִּפְרוּ וַיִּרְבּוּ מְאֹד « les Béné Israël se fructifièrent, se multiplièrent prodigieusement » or le Midrash raconte qu’ils ne se sont multipliés qu’après avoir été esclaves en Egypte, et donc bien après la mort de Yaakov qui est relatée dans notre Parasha Vayé’hi.

 

à Dans la Guemara Péssa’him, les ‘Hakhamim nous enseignent un « Klal » (enseignement général) : « Eine Moukdam Ein Mou’har Batorah »  il n’y a pas d’ordre dans les événements mentionnés dans la Tora ; Ceci n’est vrai que pour des événements cités dans des Parashiote différentes et non pas pour des événements cités dans une même Parasha.

 

ð     On en déduit alors que Yayigash et Vayé’hi sont bien 2 Parasiote distinctes.

 

 

Lorsqu’un messager annonce à Yossef que son père est malade, il prend avec lui ses 2 fils et va pour lui rendre visite comme il est dit : אֶפְרָיִם וַיִּקַּח אֶתשְׁנֵי בָנָיו, עִמּוֹאֶתמְנַשֶּׁה, וְאֶת וַיֹּאמֶר לְיוֹסֵף, הִנֵּה אָבִיךָ חֹלֶה « on dit à Yossef : Voici ton père est malade ! Il prit avec lui ses 2 fils… ».

A leur approche, il est dit : יִשְׂרָאֵל, וַיֵּשֶׁב, עַלהַמִּטָּה וַיַּגֵּד לְיַעֲקֹבוַיֹּאמֶר, הִנֵּה בִּנְךָ יוֹסֵף בָּא אֵלֶיךָ וַיִּתְחַזֵּק « On raconta à Yaakov : Voici ton fils Yossef vient vers toi ! Israël rassembla ses forces, il s’assit sur le lit… »

 

* Les ’Hakhamim nous enseignent : dans la Torah, le mot הִנֵּה (Voici) est toujours utilisé pour annoncer une surprise. Concernant le premier הִנֵּה au sujet de la maladie de Yaakov, on comprend que l’annonce surprenne Yossef, mais la question se pose pour le 2nd הִנֵּה.

(On remarquera par exemple que le mot הִנֵּה est aussi utilisé dans la Parasha Vayétsé lorsque Yaakov constate avec surprise que sa femme était Léa et non pas Ra’hel…)

 

- En quoi la venue de Yossef a surpris Yaakov ?

 

* Tout d’abord Rachi (d’après le Midrash Tan’houma) nous fait remarquer : Yaakov rassemble ses forces pour honorer son fils Yossef en tant que vice roi d’Egypte, on en déduit l’enseignement de toujours honorer la royauté.

Histoire vraie :

Le Rav de Rabenou Acher qui s’appelait le Mahara de Rotenberg avait l’habitude de visiter de temps en temps son père qui était un homme simple...

Le jour où le Mahara de Rotenberg est devenu Roch Yeshiva (Grand Rabbin responsable d’une Yeshiva) et que tout le monde le respectait et l’honorait, il décida par respect, de ne plus se déplacer chez son vieux père, pour éviter de le déranger et de recevoir des honneurs de sa part… Quand le père venait de temps en temps rendre visite à son fils, ce dernier l’accueillait les bras grands ouverts et avec les plus grands honneurs pour faire la Mitsva de « Kivoud Av va Em » (honorer son père et sa mère)…

 

ð     C’est pareil pour Yossef, qui en tant que roi ne voulait jamais venir déranger son père qui devait normalement lui faire un accueil royal… C’est ce qui explique la surprise de son père de voir Yossef arriver à la maison car cela n’était pas dans ses habitudes.

 

 

Quand Yaakov bénit ses petits fils Efraïm et Manaché, il annonce à Yossef leur père, qu’ils hériteront chacun d’une part de la Terre d’Israël, car il les considère comme Réouven et Shim’on ses propres fils : מִצְרַיְמָהלִיהֵם וְעַתָּה שְׁנֵיבָנֶיךָ הַנּוֹלָדִים לְךָ בְּאֶרֶץ מִצְרַיִם, עַדבֹּאִי אֵלֶיךָ אֶפְרַיִם, וּמְנַשֶּׁהכִּרְאוּבֵן וְשִׁמְעוֹן, יִהְיוּלִי

Puis tout de suite après il explique à Yossef qu’il n’avait pas pris la peine d’enterrer sa mère Ra’hel à « Méarat Hamakhpéla » mais seulement au lieu de sa mort prés de Kénaan, que c’était un ordre divin, afin que Ra’hel vienne au secours de ses descendants lorsque Nevouzaradan les enverra en exil et qu’il passeront prêt de son tombeau…

 

1 - Pourquoi Yaakov parle à Yossef de Ra’hel après avoir donné les bénédictions à Efraïm et Ménaché ? Pourquoi ne le fait-il pas lorsqu’il demande à Yossef de l’enterrer à « Méarat Hamakhpéla » ?

 

Le Midrash raconte que Yossef avait admis l’idée qu’il n’y avait pas de place à « Méarat Hamakhpélé » pour les 4 femmes de son père, et que la seule place devait être logiquement destinée à Léah, la femme principale, sa 1ere femme avec qui il eu pour fils aîné Réouven.

 

à Or lorsque Yaakov a béni les enfants de Yossef en donnant à chacun une part d’Erets Israël cela voulait dire que Yossef héritait de 2 parts par l’intermédiaire de ses fils. Comme d’après la loi l’aîné reçoit 2 parts en héritage par rapport à ses autres frères, Yossef a indirectement été considéré comme l’aîné, et par conséquent sa mère Ra’hel devait être considérée aussi comme la femme principale de son père.

 

ð     C’est la raison pour laquelle Yaakov est intervenu au sujet de Ra’hel, juste à ce moment là, pour que Yossef ne conserve pas intérieurement ces reproches...

 

2- Pourquoi l’ordre divin a-t-il désigné Ra’hel et pas une autre Matriarche par exemple…?

 

En fait, Ra’hel était la personne la plus apte à prier pour ses descendants qui allaient être exterminés par Hachem, à cause de la faute d’idolâtrie…

 

à En effet, dans la Parasha Vayétsé nous avons vu que la nuit des noces de Yaakov, Lavan dit à Léa de se faire passer pour Ra’hel, et de rejoindre Yaakov sous sa tente… Pour ne pas que Yaakov s’aperçoive de ce changement et que Léa soit humiliée, Ra’hel donne à sa sœur les signes qu’elle avait convenu de faire avec Yaakov pour se retrouver la nuit des noces…

 

ð     Plus tard dans sa prière, son argument sera le suivant : Hachem, moi qui ai réussi à vaincre toute jalousie envers ma sœur, jusqu’à l’avoir aidée le soir de mes noces, afin qu’elle ne soit pas humiliée… Comment peux-tu être jaloux des dieux d’idolâtres ?...

 

 

Quand Yaakov s’adresse à Yossef pour qu’il l’enterre à « Méarate Hamakhpéla », il le fait jurer et dit : וְעָשִׂיתָ עִמָּדִי חֶסֶד וֶאֱמֶת וַיֹּאמֶר לוֹ אִםנָא מָצָאתִי חֵן בְּעֵינֶיךָ, שִׂיםנָא יָדְךָ תַּחַת יְרֵכִי « Si donc j’ai trouvé grâce à tes yeux, mets je te prie ta main sous ma cuisse. Tu feras envers moi grâce et vérité… »

 

* Rachi explique « grâce et vérité » en disant : La grâce que l’on témoigne aux morts est une «  grâce de vérité » car on n’attend rien en retour.

 

Or dans la Guemara il est mentionné qu’à la sortie d’Egypte (à la fin de l’esclavage), Moché Rabenou a récupéré le cercueil de Yossef pour l’emmener en Erets Israël, en récompense du fait qu’il a enterré son père Yaakov à « Méarate Hamakhpéla ».

 

- Alors Comment Rachi peut parler de «  grâce de vérité », vu qu’il y’a eu une récompense ?

 

Le Midrash nous enseigne que Yossef a enterré son père à « Méarate Hamakhpéla » immédiatement après sa mort sans l’avoir laissé quelques temps en Egypte, et c’est la « grâce de vérité », dans le sens où il n’a pas attendu en retour d’avoir ce même privilège, car Yossef fut d’abord enterré en Egypte puis seulement après la sortie d’Egypte, en Erets Israël.

Dans la Guemara il est précisé : la nécessité que Yossef ait été enterré en Egypte car comme il est dit : « Hayam Raa Véyanoss… » Lorsque la mer rouge a vu le tombeau de Yossef, c’est par son mérite qu’elle s’est ouverte en 2 pour laisser passer tout le peuple d’Israël…

 

 

 


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