Paracha Shemot - שְׁמוֹת
Remarque :
Comme nous l’avons vu dans le Sefer Berechit, Yaakov s’appelle aussi
Israël, c’est pour cela qu’on nous appelle les Bné Israël (fils d’Israël).
En général dans un même « Pasouk » (1 phrase de la Torah) il
est mentionné d’abord le nom de Yaakov puis celui d’Israël. Or ici, le fait que
l’ordre soit inversé nous apprend qu’au départ, du vivant de Yaakov Hatsadik,
le peuple d’Israël avait toute sa grandeur :
à C’est pour cela qu’il est écrit en 1er
« Bné Israël » [Israël vient
de « Sar El » (Ministre de Hachem)]
Ensuite, il est mentionné en 2nd « Yaakov », car avec
l’assimilation et l’adhésion à la culture Egyptienne, le peuple d’Israël a
perdu un peu de sa grandeur…
* Rachi explique ce Passouk : « Le texte les a
certes déjà comptés de leur vivant en indiquant leurs noms. Il les compte
cependant à nouveau après leur mort pour marquer combien Hachem leur est
attaché. Car ils sont comparés aux étoiles, que Hachem fait sortir et rentrer
en les comptant et en les appelant par leurs noms… »
Midrashim :
1- Dans
à Dans Rachi, la comparaison des Bné Israël avec
les étoiles du ciel nous montre le rôle de l’existence d’Israël, à
savoir : ואהבת
לרעך כמוך (« Véahavta
Léréakha Kamokha » : Tu aimeras ton prochain comme toi-même »)
qui est un principe fondamental dans
2- Dans le « Sefat Emet », il est dit : les Bné Israël
doivent savoir qu’ils sont aimés par Hachem. Et, de la même façon que les
étoiles ont été créées pour éclairer dans l’obscurité profonde de la nuit, de
même, le rôle d’Israël est de propager la lumière divine sur toute la terre,
même dans les endroits les plus sombres.
Après la mort de
Yossef et de ses 11 frères, le roi d’Egypte ordonne d’opprimer le peuple juif, considérant
que ce dernier représente une menace du fait de son nombre grandissant et de sa
force considérable, comme il est dit : וַיָּקָם מֶלֶךְחָדָשׁ,
עַלמִצְרָיִם,
אֲשֶׁר
לֹאיָדַע,
אֶתיוֹסֵף « Un roi nouveau se leva en
Egypte, qui ne connaissait pas Yossef »
* Rachi nous ramène (de la Guemara Sota) les avis de Rav
et Shmouel : L’un dit qu’il faut prendre le mot « nouveau » au
sens littéral, l’autre qu’il a promulgué de nouveaux décrets.
- Nous pouvons comprendre qu’un nouveau Roi qui n’a pas connu Yossef (vice
roi d’Egypte) puisse imposer des décrets contre le peuple juif, mais comment
soutenir l’avis disant qu’il s’agit du même roi qui promulgua de nouveaux
décrets ?
Le Midrash nous enseigne : Pharaon avait bien connu Yossef et sa
famille, et ne voulait pas vraiment opprimer le peuple juif qui grandissait
considérablement. Mais Hachem fit en sorte que ses ministres lui retirèrent le
pouvoir pendant 3 mois afin qu’il change de politique et réalise ainsi le
décret d’Hachem, de mettre en exil et en esclavage les Bné Israël durant 400ans.
(400 ans = 190ans depuis l’alliance avec Abraham « Brit ben Habetarim » jusqu’à la descente de Yaakov en Egypte + 210 ans
en Egypte jusqu’à la sortie avec Moché Rabenou).
Les Bné Israël atteindront alors le niveau le plus bas pour atteindre ensuite
le niveau le plus haut en se rapprochant de plus en plus d’Hachem et recevoir ainsi
Les Egyptiens
asservirent les Bné Israël avec dureté… Les astrologues annoncent à Pharaon
qu’un enfant mâle naîtra et sauvera les Hébreux. Pharaon convoque « les sages-femmes juives, le nom de l’une était Chifra et
celui de l’autre était Pou’a » פּוּעָה לַמְיַלְּדֹת
הָעִבְרִיֹּת,
אֲשֶׁר שֵׁם
הָאַחַת
שִׁפְרָה,
וְשֵׁם
הַשֵּׁנִית et leur ordonne de faire mourir les
garçons qui naissent… Mais elles ne l’ont pas fait…
* Rachi nous enseigne que Chifra serait Yokhéved (Future mère de Moché
Rabenou), et Pou’a, Myriam sa fille (grande sœur de Moché Rabenou).
à Cet avis rejoint la supposition disant
que le roi d’Egypte n’était pas mort et était celui qui avait bien connu
Yossef. Et le fait d’avoir choisi une mère et sa fille pour remplir cette
tache, leur laissait la possibilité d’être complices pour ne pas exécuter à la
lettre ce décret…
* Un Midrash nous enseigne que Chifra et Pou’a seraient plutôt une mère et
sa belle fille car en général, elles ne s’entendent pas trop. Et Pharaon les aurait
désignées ainsi pour remplir cette tâche de sorte que l’une dénoncerait l’autre,
si elles n’étaient pas d’accord au sujet de leur mission …
à Cet avis rejoint la supposition disant
que le roi d’Egypte était un nouveau roi méchant et cruel. Et le fait d’avoir
choisi une mère et sa belle fille pour remplir cette tâche, supposerait
qu’elles l’accompliraient, étant donné qu’elles ne sont pas très liées…
- Pourquoi Pharaon a-t-il désigné des sage- femmes Juives ? Et
pourquoi leur donne-t-il des détails sur comment procéder à l’exécution des
nouveaux nés garçons, avant qu’ils sortent complètement du ventre de leur
mère… ?
Remarque :
D’après les 7 lois de Noa’h (pour les peuples non juifs) et d’après
Dans
à C’est la raison pour laquelle Pharaon n’a pas confié
cette tâche monstrueuse à des sages-femmes non juives… C’est en voulant diminuer
la gravité de ce crime, qu’il précise aux sages-femmes qu’il faut exécuter les
garçons, juste avant la naissance complète, et espère ainsi les convaincre…
Les sages-femmes
juives craignaient Hachem, elles ne firent pas comme leur avait ordonné le roi.
Pharaon les convoqua pour leur demander pourquoi elles firent vivre les
enfants, elles répondirent : כִּי
לֹא
כַנָּשִׁים
הַמִּצְרִיֹּת
הָעִבְרִיֹּת « car les Hébreues ne sont pas comme les femmes
Egyptiennes » elles enfantent plus vite… Puis, tout de suite après,
Pharaon promulgue de jeter dans le fleuve tous les nouveaux nés garçons, même
ceux des Egyptiens !
- Quelle est la raison de cette prise de décision ? Avait-elle un
rapport avec la réponse des sages-femmes ?
Le Midrash explique la réponse des sages-femmes de la façon suivante :
à Pharaon a demandé aux sages-femmes : Comment avez-vous pu désobéir ? Alors que : דינה דמלכותה דינה la loi énoncée par un Roi doit être respectée d’après la loi juive !...
à Elles lui ont alors répondu astucieusement que cette loi n’est valable que elle s’applique à tout le monde, sans faire de discrimination entre les juives et les Egyptiennes…
Remarque : Cette
loi est importante d’après la Torah mais uniquement lorsqu’elle ne va pas à
l’encontre de celle-ci.
Il est écrit dans
* Rachi explique que Pharaon était atteint de la lèpre,
de sorte qu’il était considéré comme mort… mais il ne l’était pas vraiment…
– On peut se demander comment Rachi peut-il affirmer cela, alors qu’il est
dit dans le texte que le roi d’Egypte « mourut » ?
* La Guemara fait remarquer que dans le Sefer
Melakhim (le livre des Rois), il est mentionné 52 fois le nom du roi David tout
en étant précédé du mot מֶלֶךְ
(Roi), mais que son nom est mentionné une fois sans le mot
מֶלֶךְ (Roi), comme il est dit : ויקרבו ימי
דוד למות (« Vayikrévou Yémé David Lamout » : Les jours de
la mort de David se sont rapprochés…)
à Car אן
שילטון ימי
המוות Il n’y a pas de gouvernement le jour de la mort… C'est-à-dire que le Roi perd son titre de
« Roi » le jour de sa mort.
ð On comprend alors l’affirmation de
Rachi disant que Pharaon n’est pas vraiment mort, car il est écrit
« Roi » d’Egypte.
Quand Hachem dit à Moshé d’annoncer aux Hébreux qu’il va les libérer, Il
lui demande :
מַהשְּׁמוֹ,
מָה אֹמַר
אֲלֵהֶם וְאָמַרְתִּי
לָהֶם,
אֱלֹהֵי
אֲבוֹתֵיכֶם שְׁלָחַנִי
אֲלֵיכֶם
וְאָמְרוּלִי « Je leur dirai : Elokim de vos pères m’a envoyé vers
vous ! Ils me diront : Quel est son nom ? Que leur dirais
je ? »
- Comment comprendre la question de Moshé ? Surtout
que Moshé connaissait le « Shem Hameforach » (nom divin Secret) avec lequel il enterra
vivant en un clin d’œil l’Egyptien qui persécutait un juif… ?
Selon Yehouda Halevi et Na’hmanid, loin de nous la
pensée que les juifs aient pu avoir des doutes sur l’existence de Hachem. la
question à laquelle voulait pouvoir répondre Moshé se rapportait au mystère de
la providence.
Selon quel principe agit-elle avec nous ? Se
cache-t-elle devant nos malheurs ? Ou nous protège-t-elle par des voies
naturelles comme à l’époque des Patriarches ?
Ces moyens suffisaient jadis, alors qu’en présence
du colosse égyptien, seuls des moyens surnaturels peuvent conduirent à la
libération…
A ces questions, Hachem répondit dans un 1er
temps :
שְׁלָחַנִי
אֲלֵיכֶם אֶהְיֶה
אֲשֶׁר
אֶהְיֶה
וַיֹּאמֶר,
כֹּה תֹאמַר
לִבְנֵי
יִשְׂרָאֵל,
אֶהְיֶה
« Je
serai Celui que Je suis… tu diras « Je serai » m’a envoyé vers
vous… »
ð Cette formule explique
l’unité de Dieu et le caractère purement spirituel de son être, souverainement
libre de toutes les contingences matérielles…
ð Rachi commente : Je
suis avec eux dans la détresse présente, Je serai avec eux dans leur asservissement
par d’autres empires pour les délivrer… Qu’ils m’implorent et Je les exaucerai.
à Preuve que Hachem est toujours proche d’Israël et
les entend, aussi qu’Il fait justice sur terre.
Hachem ajouta dans un 2nd temps :
בְּמִצְרָיִם יִצְחָק
וְיַעֲקֹב,
לֵאמֹר
פָּקֹד
פָּקַדְתִּי
אֶתְכֶם,
וְאֶתהֶעָשׂוּי
לָכֶם יְהוָה
אֱלֹהֵי
אֲבֹתֵיכֶם
נִרְאָה
אֵלַי, אֱלֹהֵי
אַבְרָהָם « Tu diras que je suis le Elokim d’Abraham
d’Ysaak et de Yaakov en disant : Je me suis souvenu après de vous, et de
ce qui vous est fait en Egypte… »
ð Cette formulation était
connue de tout le monde car elle fut utilisée par Yaakov Avinou et, elle sera
un signe que tout le monde reconnaîtra…
- En quoi, cette réponse sera un signe pour les Hébreux
alors que tout le monde connaissait ce signe ?
Le Midrash explique : le signe est que cette
formulation tout le monde la connaît, mais Moshé ne peut pas prononcer. Il la
prononcera clairement et tout le monde entendra par sa voix le miracle…
Nous savons que Moshé bégayait et ne pouvait pas
prononcer convenablement toutes les lettres de l’alphabet, comme il est
dit : כבד
פי וכבד לשון « Moshé avait
la bouche lourde et la langue lourde »
כבד פי = Il ne
pouvait pas prononcer convenablement les lettres : ז
ש ר צ
כבד
לשון = Il ne pouvait pas prononcer convenablement les
lettres : ד ט ל נ י
ת
Remarques :
- Nous remarquerons que Moshé Rabénou était le leader des
Bné Israël, non pas pour ses qualités d’orateur mais pour ses qualités
profondes, son humilité et sa sagesse.
- L’origine du bégaiement : Un Midrash
raconte : Moshé se brûla la langue quand il était enfant au côté de
Pharaon.
En effet, après avoir retiré la couronne du roi pour la
mettre sur sa tête (signe de prise du pouvoir), Pharaon craignait que
Moshé soit le futur libérateur du peuple juif et testa son QI de plusieurs
façons…
Un test consistait à mettre en face de lui une braise de
charbon et une datte afin de savoir si Moshé le petit enfant saurait faire la
distinction pour s’en servir avec une cuillère… Moshé voulait évidemment prendre
la datte, mais un ange contrôla sa main pour louper le test afin que le doute
de Pharaon disparaisse et que Moshé soit épargné…
Il faut savoir que Moshé Rabénou donnait à chaque
fois des arguments, non pas par manque de volonté de remplir sa mission, mais parce
qu’il était bègue et aussi par modestie et respect envers son grand frère
Aharon qui était aussi prophète…