Paracha Shemot - שְׁמוֹת

 

 

La Parasha Shemot nous raconte l’esclavage difficile des Bné Israël en Egypte, juste après la mort de Yossef et de ses 11 frères…Le décret de Pharaon de jeter à l’eau tous les garçons qui naissent… La naissance de Moché Rabénou qui fut sauvé des eaux et adopté par la fille de Pharaon… Moché grandit et exécute un Egyptien (par prononciation du « Chem Hameforache » [Nom Divin secret]), car ce dernier persécutait un Juif et abusait de sa femme … Moché se sauve d’Egypte… Hachem se révèle à Moché dans le désert (dans un buisson ardent qui prend feu sans se consumer…) et le désigne comme le libérateur de son peuple…

 

La Parasha commence par le Passouk :  וּבֵיתוֹ בָּאוּ  וְאֵלֶּה, שְׁמוֹת בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, הַבָּאִים, מִצְרָיְמָה אֵת יַעֲקֹב, אִיש ׁ « Et ceux-ci sont les noms des fils d’Israël, venus en Egypte, avec Yaakov, chaque homme et sa maison sont venus… » et cite en suite les noms des Shévatim (tribues d’Israël)

 

Remarque :

 

Comme nous l’avons vu dans le Sefer Berechit, Yaakov s’appelle aussi Israël, c’est pour cela qu’on nous appelle les Bné Israël (fils d’Israël).

En général dans un même « Pasouk » (1 phrase de la Torah) il est mentionné d’abord le nom de Yaakov puis celui d’Israël. Or ici, le fait que l’ordre soit inversé nous apprend qu’au départ, du vivant de Yaakov Hatsadik, le peuple d’Israël avait toute sa grandeur :

 

à C’est pour cela qu’il est écrit en 1er  « Bné Israël » [Israël vient de « Sar El » (Ministre de Hachem)]

Ensuite, il est mentionné en 2nd « Yaakov », car avec l’assimilation et l’adhésion à la culture Egyptienne, le peuple d’Israël a perdu un peu de sa grandeur…

 

* Rachi explique ce Passouk  : « Le texte les a certes déjà comptés de leur vivant en indiquant leurs noms. Il les compte cependant à nouveau après leur mort pour marquer combien Hachem leur est attaché. Car ils sont comparés aux étoiles, que Hachem fait sortir et rentrer en les comptant et en les appelant par leurs noms… »

 

Midrashim :

 

1- Dans la Guemara de ‘Houlin 60b, il est dit qu’à la création de la terre, Hachem a créé 2 luminaires égaux. Mais la lune a été rapetissée car elle s’était plainte à Hachem en disant : « Il n’est pas possible à 2 rois de partager la même couronne ! »… Puis Il lui a adjoint une armée d’étoiles pour apaiser son chagrin.

 

à Dans Rachi, la comparaison des Bné Israël avec les étoiles du ciel nous montre le rôle de l’existence d’Israël, à savoir : ואהבת לרעך כמוך (« Véahavta Léréakha Kamokha » : Tu aimeras ton prochain comme toi-même ») qui est un principe fondamental dans la Torah comme l’a souligné Rabbi ‘Akiva.

 

2- Dans le « Sefat Emet », il est dit : les Bné Israël doivent savoir qu’ils sont aimés par Hachem. Et, de la même façon que les étoiles ont été créées pour éclairer dans l’obscurité profonde de la nuit, de même, le rôle d’Israël est de propager la lumière divine sur toute la terre, même dans les endroits les plus sombres.


Après la mort de Yossef et de ses 11 frères, le roi d’Egypte ordonne d’opprimer le peuple juif, considérant que ce dernier représente une menace du fait de son nombre grandissant et de sa force considérable, comme il est dit : וַיָּקָם מֶלֶךְחָדָשׁ, עַלמִצְרָיִם, אֲשֶׁר לֹאיָדַע, אֶתיוֹסֵף « Un roi nouveau se leva en Egypte, qui ne connaissait pas Yossef »

 

* Rachi nous ramène (de la Guemara Sota) les avis de Rav et Shmouel : L’un dit qu’il faut prendre le mot « nouveau » au sens littéral, l’autre qu’il a promulgué de nouveaux décrets.

 

- Nous pouvons comprendre qu’un nouveau Roi qui n’a pas connu Yossef (vice roi d’Egypte) puisse imposer des décrets contre le peuple juif, mais comment soutenir l’avis disant qu’il s’agit du même roi qui promulgua de nouveaux décrets ?

 

Le Midrash nous enseigne : Pharaon avait bien connu Yossef et sa famille, et ne voulait pas vraiment opprimer le peuple juif qui grandissait considérablement. Mais Hachem fit en sorte que ses ministres lui retirèrent le pouvoir pendant 3 mois afin qu’il change de politique et réalise ainsi le décret d’Hachem, de mettre en exil et en esclavage les Bné Israël durant 400ans. (400 ans = 190ans depuis l’alliance avec Abraham « Brit ben Habetarim » jusqu’à la descente de Yaakov en Egypte + 210 ans en Egypte jusqu’à la sortie avec Moché Rabenou).

Les Bné Israël atteindront alors le niveau le plus bas pour atteindre ensuite le niveau le plus haut en se rapprochant de plus en plus d’Hachem et  recevoir ainsi la Torah.

 

 

Les Egyptiens asservirent les Bné Israël avec dureté… Les astrologues annoncent à Pharaon qu’un enfant mâle naîtra et sauvera les Hébreux. Pharaon convoque « les sages-femmes juives, le nom de l’une était Chifra et celui de l’autre était Pou’a »  פּוּעָה לַמְיַלְּדֹת הָעִבְרִיֹּת, אֲשֶׁר שֵׁם הָאַחַת שִׁפְרָה, וְשֵׁם הַשֵּׁנִית et leur ordonne de faire mourir les garçons qui naissent… Mais elles ne l’ont pas fait…

 

* Rachi nous enseigne que Chifra serait Yokhéved (Future mère de Moché Rabenou), et Pou’a, Myriam sa fille (grande sœur de Moché Rabenou).

 

à Cet avis rejoint la supposition disant que le roi d’Egypte n’était pas mort et était celui qui avait bien connu Yossef. Et le fait d’avoir choisi une mère et sa fille pour remplir cette tache, leur laissait la possibilité d’être complices pour ne pas exécuter à la lettre ce décret…

 

* Un Midrash nous enseigne que Chifra et Pou’a seraient plutôt une mère et sa belle fille car en général, elles ne s’entendent pas trop. Et Pharaon les aurait désignées ainsi pour remplir cette tâche de sorte que l’une dénoncerait l’autre, si elles n’étaient pas d’accord au sujet de leur mission …

 

à Cet avis rejoint la supposition disant que le roi d’Egypte était un nouveau roi méchant et cruel. Et le fait d’avoir choisi une mère et sa belle fille pour remplir cette tâche, supposerait qu’elles l’accompliraient, étant donné qu’elles ne sont pas très liées…

 

- Pourquoi Pharaon a-t-il désigné des sage- femmes Juives ? Et pourquoi leur donne-t-il des détails sur comment procéder à l’exécution des nouveaux nés garçons, avant qu’ils sortent complètement du ventre de leur mère… ?

 

Remarque :

 

D’après les 7 lois de Noa’h (pour les peuples non juifs) et d’après la Torah, il est formellement interdit de tuer, cela est passible d’une condamnation à mort : « ‘Hayav Mita ».

Dans la Guemara Sanhedrine, il est précisé que lorsqu’il s’agit d’un bébé dans le ventre de sa mère, la condamnation à mort n’est pas exigée d’après la Torah mais seulement d’après les lois de Noa’h, pour les autres peuples, comme il est dit : la loi de דמו ישפך שופך דם אדם באדם  « celui qui verse le sang d’un être qui réside dans un autre être, son sang coulera » a été donné avant « Matane Torah » (le don de la Torah) et ne concerne que les « Bné Noa’h » (les peuples non juifs).

à C’est la raison pour laquelle Pharaon n’a pas confié cette tâche monstrueuse à des sages-femmes non juives… C’est en voulant diminuer la gravité de ce crime, qu’il précise aux sages-femmes qu’il faut exécuter les garçons, juste avant la naissance complète, et espère ainsi les convaincre…

 

 

Les sages-femmes juives craignaient Hachem, elles ne firent pas comme leur avait ordonné le roi. Pharaon les convoqua pour leur demander pourquoi elles firent vivre les enfants, elles répondirent : כִּי לֹא כַנָּשִׁים הַמִּצְרִיֹּת הָעִבְרִיֹּת « car les Hébreues ne sont pas comme les femmes Egyptiennes » elles enfantent plus vite… Puis, tout de suite après, Pharaon promulgue de jeter dans le fleuve tous les nouveaux nés garçons, même ceux des Egyptiens !

 

- Quelle est la raison de cette prise de décision ? Avait-elle un rapport avec la réponse des sages-femmes ?

 

Le Midrash explique la réponse des sages-femmes de la façon suivante :

à Pharaon a demandé aux sages-femmes : Comment avez-vous pu désobéir ? Alors que : דינה דמלכותה דינה la loi énoncée par un Roi doit être respectée d’après la loi juive !...

à Elles lui ont alors répondu astucieusement que cette loi n’est valable que elle s’applique à tout le monde, sans faire de discrimination entre les juives et les Egyptiennes…

Remarque : Cette loi est importante d’après la Torah mais uniquement lorsqu’elle ne va pas à l’encontre de celle-ci.

 

 

Il est écrit dans la Parasha (Perek 2 Passouk 23) :  וַיְהִי בַיָּמִים הָרַבִּים הָהֵם, וַיָּמָת מֶלֶךְ מִצְרַיִם  « ce fut dans ces nombreux jours-là, que mourut le roi d’Egypte… »

 

* Rachi explique que Pharaon était atteint de la lèpre, de sorte qu’il était considéré comme mort… mais il ne l’était pas vraiment…

 

– On peut se demander comment Rachi peut-il affirmer cela, alors qu’il est dit dans le texte que le roi d’Egypte « mourut » ?

 

* La Guemara fait remarquer que dans le Sefer Melakhim (le livre des Rois), il est mentionné 52 fois le nom du roi David tout en étant précédé du mot מֶלֶךְ  (Roi), mais  que son nom est mentionné une fois sans le mot מֶלֶךְ  (Roi), comme il est dit : ויקרבו ימי דוד למות (« Vayikrévou Yémé David Lamout » : Les jours de la mort de David se sont rapprochés…)

 

à Car אן שילטון ימי המוות Il n’y a pas de gouvernement le jour de la mort…  C'est-à-dire que le Roi perd son titre de « Roi » le jour de sa mort.

 

ð     On comprend alors l’affirmation de Rachi disant que Pharaon n’est pas vraiment mort, car il est écrit « Roi » d’Egypte.

 

 

Quand Hachem dit à Moshé d’annoncer aux Hébreux qu’il va les libérer, Il lui demande : 

מַהשְּׁמוֹ, מָה אֹמַר אֲלֵהֶם וְאָמַרְתִּי לָהֶם, אֱלֹהֵי אֲבוֹתֵיכֶם שְׁלָחַנִי אֲלֵיכֶם וְאָמְרוּלִי « Je leur dirai : Elokim de vos pères m’a envoyé vers vous ! Ils me diront : Quel est son nom ? Que leur dirais je ? »

 

- Comment comprendre la question de Moshé ? Surtout que Moshé connaissait le « Shem Hameforach » (nom divin Secret) avec lequel il enterra vivant en un clin d’œil l’Egyptien qui persécutait un juif… ?

 

Selon Yehouda Halevi et Na’hmanid, loin de nous la pensée que les juifs aient pu avoir des doutes sur l’existence de Hachem. la question à laquelle voulait pouvoir répondre Moshé se rapportait au mystère de la providence.

Selon quel principe agit-elle avec nous ? Se cache-t-elle devant nos malheurs ? Ou nous protège-t-elle par des voies naturelles comme à l’époque des Patriarches ?

Ces moyens suffisaient jadis, alors qu’en présence du colosse égyptien, seuls des moyens surnaturels peuvent conduirent à la libération…

 

A ces questions, Hachem répondit dans un 1er temps :

 שְׁלָחַנִי אֲלֵיכֶם אֶהְיֶה אֲשֶׁר אֶהְיֶה וַיֹּאמֶר, כֹּה תֹאמַר לִבְנֵי יִשְׂרָאֵל, אֶהְיֶה   « Je serai Celui que Je suis… tu diras « Je serai » m’a envoyé vers vous… »

ð     Cette formule explique l’unité de Dieu et le caractère purement spirituel de son être, souverainement libre de toutes les contingences matérielles…

ð     Rachi commente : Je suis avec eux dans la détresse présente, Je serai avec eux dans leur asservissement par d’autres empires pour les délivrer… Qu’ils m’implorent et Je les exaucerai.

à Preuve que Hachem est toujours proche d’Israël et les entend, aussi qu’Il fait justice sur terre.

 

Hachem ajouta dans un 2nd temps :

 בְּמִצְרָיִם יִצְחָק וְיַעֲקֹב, לֵאמֹר פָּקֹד פָּקַדְתִּי אֶתְכֶם, וְאֶתהֶעָשׂוּי לָכֶם יְהוָה אֱלֹהֵי אֲבֹתֵיכֶם נִרְאָה אֵלַי, אֱלֹהֵי אַבְרָהָם  « Tu diras que je suis le Elokim d’Abraham d’Ysaak et de Yaakov en disant : Je me suis souvenu après de vous, et de ce qui vous est fait en Egypte… »

ð     Cette formulation était connue de tout le monde car elle fut utilisée par Yaakov Avinou et, elle sera un signe que tout le monde reconnaîtra…

 

- En quoi, cette réponse sera un signe pour les Hébreux alors que tout le monde connaissait ce signe ?

 

Le Midrash explique : le signe est que cette formulation tout le monde la connaît, mais Moshé ne peut pas prononcer. Il la prononcera clairement et tout le monde entendra par sa voix le miracle…

 

Nous savons que Moshé bégayait et ne pouvait pas prononcer convenablement toutes les lettres de l’alphabet, comme il est dit : כבד פי וכבד לשון « Moshé avait la bouche lourde et la langue lourde »

כבד פי = Il ne pouvait pas prononcer convenablement les lettres : ז ש ר צ

כבד לשון = Il ne pouvait pas prononcer convenablement les lettres : ד ט ל נ י ת

 

Remarques :

 

- Nous remarquerons que Moshé Rabénou était le leader des Bné Israël, non pas pour ses qualités d’orateur mais pour ses qualités profondes, son humilité et sa sagesse.

 

- L’origine du bégaiement : Un Midrash raconte : Moshé se brûla la langue quand il était enfant au côté de Pharaon.

En effet, après avoir retiré la couronne du roi pour la mettre sur sa tête (signe de prise du pouvoir), Pharaon craignait que Moshé soit le futur libérateur du peuple juif et testa son QI de plusieurs façons…

Un test consistait à mettre en face de lui une braise de charbon et une datte afin de savoir si Moshé le petit enfant saurait faire la distinction pour s’en servir avec une cuillère… Moshé voulait évidemment prendre la datte, mais un ange contrôla sa main pour louper le test afin que le doute de Pharaon disparaisse et que Moshé soit épargné…

 

Il faut savoir que Moshé Rabénou donnait à chaque fois des arguments, non pas par manque de volonté de remplir sa mission, mais parce qu’il était bègue et aussi par modestie et respect envers son grand frère Aharon qui était aussi prophète…


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