Paracha Pin’has‏‏פִּֽינְחָס

 

Ce Shabbat nous lisons la Parasha Pin’has, Pin’has est le fils de El’azar fils d’Aharon le « Cohen Gadol ». La Parasha commence par l'éloge que lui fait Hachem, pour avoir transpercé de sa lance un prince d'Israël (Zimri ben Salou) et sa compagne Midyanite (Kozbi bat Tsour) qui violaient d'une façon flagrante la loi qui interdit la cohabitation d'un juif avec une femme Midianite (du peuple de Midiane). Ceci après que Hachem ait ordonné à Moché de faire pendre ceux qui se sont livrés à la débauche avec les filles de Moab, un peuple idolâtre.


=> « Aussi surprenant que cela puisse paraître, cela nous apprend que Hachem et la Torah, son catégoriquement contre les mariages entre juifs et non-juifs. »
(Lire l’article du Rav Smuley Boteach de l'université d'Oxford : « Mariage Mixtes, non ! » sur LIEN  target='_BLANK')

 

 Au début de la Parasha (Perek 25, Passouk 11), Hachem dit à Moché Rabénou :

מֵעַל בְּנֵֽי־יִשְׂרָאֵ פִּֽינְחָס בֶּן־אֶלְעָזָר בֶּן־אַהֲרֹן הַכֹּהֵן הֵשִׁיב אֶת־חֲמָתִי « Pin’has fils d’El’azar fils de Aharon le Cohen a détourné mon courroux de sur les fils d’Israël, … »   ‏‏

בְּקִנְאָתִֽי בְּקַנְאֹו אֶת־קִנְאָתִי בְּתֹוכָם וְלֹא־כִלִּיתִי אֶת־בְּנֵֽי־יִשְׂרָאֵל  «… en jalousant ma jalousie au milieu d’eux, et  je n’ai pas anéanti les fils d’Israël dans ma jalousie…  »

 

* Nous voyons donc que Pin’has a d’une part apaisé la colère d’Hachem qui est un « Dieu jaloux » comme le mentionne le 2e des 10 commandements donnés au mont Sinaï :

 

II. Tu n'auras pas d'autre Dieu que moi, tu ne te feras pas d'idole, ni une image quelconque d ce qui est en haut dans le ciel, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux au-dessous de la terre. Tu ne te prosterneras pas devant elles, tu ne les adoreras pas ; car c'est Moi l'Eternel, ton Dieu, je suis un dieu jaloux, qui tient compte du crime des pères sur les enfants jusqu'à la troisième et à la quatrième génération, pour ceux qui m'offensent; et, qui étend ma bienveillance à la millième génération, pour ceux qui m'aiment et observent mes commandements.

 

Et d’autre part, Pin’has a épargné le peuple d’Israël de l’anéantissement qu’aurait causé la débauche et l’idolâtrie.

 

- Pourquoi la Parasha présente Pin’has en remontant dans sa généalogie jusqu’à son grand père paternel Aharon le Cohen ?

 

 

* Rachi explique « Pin’has fils d’El’azar fils de Aharon le Cohen », en rapportant ce que dit la Guemara Sanhedrin Daf 82b : Etant donné que les tributs se moquaient de lui : « Avez-vous vu ce fils de Pouti, celui dont le grand père maternel, (Yitro), engraissait des veaux pour l’idolâtrie, tuer le prince d’une tribu d’Israël ! », le texte retrace ici la généalogie jusqu’à Aharon.

 

Remarque :

 

à En effet, au départ, Yitro était un des plus grands idolâtres de sa génération qui allait jusqu’à « engraissait des veaux pour l’idolâtrie », un acte un peu sauvage, cruel... Mais, après s’être converti, et avoir reconnu Hachem comme le Dieu unique et tout puissant, il devint un grand homme. D’ailleurs, Moché Rabenou épousa une de ses filles qui se nomme Tsipora.

 

èEt au sujet de Pin’has, il est marqué dans le Sefer Shemot (Perek 6, Passouk 25), que son père, El’azar s’est marié avec une fille issu de Yitro :  וַתֵּלֶד לֹו אֶת־פִּֽינְחָס  ‏וְאֶלְעָזָר בֶּֽן־אַהֲרֹן לָקַֽח־לֹו מִבְּנֹות פּֽוּטִיאֵל לֹו לְאִשָּׁה « Et El’azar fils de Aharon prit pour lui parmi les filles de Poutiel, pour femme, elle lui enfanta Pin’has… »

 

* Le Midrash nous enseigne qu’en retraçant la généalogie de Pin’has jusqu’au grand père paternel : « Pin’has fils d’El’azar fils de Aharon le Cohen », la Torah voulait prouver que Pin’has avait hérité des traits de caractères de Aharon qui éprouvait un amour infini pour ses frères juifs et qui leur ramenait le Shalom dans leur foyer : « Ohev Shalom Vérodef Shalom ».

 

ð     Tout ceci pour faire face aux critiques de ceux qui voulaient faire croire que Pin’has avait agit par cruauté envers Zimri, car il était issu aussi de Yitro qui était à la base un idolâtre cruel... Et montrer finalement que Pin’has a agi ainsi par amour envers son peuple, qui risquait d’être anéanti du fait de leur débauche et idolâtrie… D’où l’explication de Rachi.

 

* Un autre Midrash explique que Pin’has a agi à 100% pour le bien en vengeant le nom d’Hachem.

 

àNous remarquons d’ailleurs que les moqueries des tributs ne visent pas la gravité de l’acte d’avoir tué Zimri mais mettent uniquement en doute le but de cet acte. En effet, il compare Pin’has à son grand père maternel Yitro (ex cruel idolâtre), pour insinuer qu’il a agit afin d’assouvir ces pulsions cruelles…

 

è Et en retraçant sa généalogie jusqu’à Aharon Hacohen, la Torah vient témoigner du contraire, car la vengeance de Pin’has était accompagnée d’une bonne « Kavana » (intention) du début jusqu’à la fin, et dans ce cas son acte est grand et méritoire.

 

Au sujet de la « bonne vengeance », la Guemara Berakhot (Daf 33) explique :

Grande est la vengeance car elle a été placée dans l’écriture entre 2 noms divins, car il est dit dans Tehilim : « Ô Dieu de la vengeance, Hachem ! »

ð     C'est-à-dire que la vengeance est une grande chose lorsqu’elle est à sa bonne place, c'est-à-dire lorsqu’elle est réalisée pour attribuer le bien… Et dans notre Parasha, par son acte de vengeance, Pin’has a sauvé le peuple d’Israël de l’anéantissement.

 

 

Remarque :

 

Dans la Guemara Kidoushine qui traite du mariage juif, il est enseigné que :

 

à Si 2 familles sont en conflits, il vaut mieux éviter de faire un « Shidoukh » (rencontre en vu d’un mariage) entre des membres de ces 2 familles… Car, c’est pour trouver le bon « Zivoug » (partenaire, mazal) que sont établies « Mine Hachamaïm » (du ciel) de bonnes ou mauvaises affinités entre familles juives…

 

à De même, si un homme est de nature à se quereller avec tout son entourage, il vaut mieux éviter de lui présenter sa fille en vu d’un mariage.... En effet, la Guemara précise que cette personne doit sûrement être un « Psoul » (une personne avec un défaut majeur qui ne doit épouser une fille juive... exemple un « Mamzére » (un bâtard)…). Et que c’est « Mine Hachamaïm » (du ciel) qu’il a été décidé qu’il ait un caractère repoussant pour éviter un mariage...

 

à Aussi, si 2 personnes se querellent. Il faudra en général donner raison à la personne qui  est le plus méritante... exemple : si elle a un bon statut, il faut normalement la respecter...

(exemple dans notre Parasha : Zimri était « prince d’une tribu d’Israël », comme le soulignèrent les tribus qui critiquèrent Pin’has qui n’était à ce moment là que Levy. Mais Hachem éleva le statut de Pin’has à celui Cohen, pour ne pas que ces critiques tiennent !...)

 

è Pour toutes ces remarques, les ‘Hakhamim nous enseignent qu’il ne faut pas être aussi catégorique lorsqu’il s’agit d’un Cohen, car le Cohen a hérité naturellement des traits de caractères de ses ancêtres comme « Pin’has ». C'est-à-dire, la volonté de s’imposer jusqu’à se quereller avec autrui pour le bien en général, afin de sanctifier le nom d’Hachem

 

 

Aprés avoir tué Zimri et la Midianite par amour envers Hachem et envers Israël, Hachem récompensa Pin’has en lui attribuant le statut de Cohen,  comme il est dit : וְהָיְתָה לֹּו וּלְזַרְעֹו אַחֲרָיו בְּרִית כְּהֻנַּת עֹולָם « Elle sera pour lui et pour sa descendance après lui une alliance de Pontificat (cohen) pour toujours… »

 

- Pin’has étant le petit fils de Aharon le Cohen Gadol, n’était il pas déjà Cohen ?

 

* Le Rachi 13 de notre Parasha explique (d’après Guemara Zéva’him Daf 101b) : qu’il est vrai que le statut de Cohen avait déjà été conféré à la descendance de Aharon, mais il ne l’avait été qu’à Aharon et à ses fils qui avaient reçu l’onction avec lui et à leur descendants nés postérieurement à leur consécration. Pin’has, en revanche qui été né antérieurement à celle-ci et qui n’avait pas reçu l’onction, n’appartenait pas jusque là à la Prêtrise (statut de Cohen). Pin’has n’est devenu Cohen qu’après avoir tué Zimri.

 

- Pourquoi Pin’has a eu spécialement comme récompense le statut de Cohen ?

 

Une des fonctions principales du Cohen, est de s’occuper des « Korbanot » (sacrifices) qu’apportent les Bné Israël au Beth Hamikdash.

Et par définition, un « Korbane » sert d’une part à servir Hachem et àsanctifier son nom… et d’autre part à expier les fautes des Bné Israël…

Or, en tuant Zimri, Pin’has a agit d’une part envers Hachem en apaisant sa colère et en sanctifiant son nom, et d’autre part, envers les Bné Israël en leur évitant d’être anéantis par leurs fautes…

ð     D’où le mérite de pouvoir poursuivre sa bonne action en devenant Cohen.

 

- Pourquoi Pin’has a-t-il pu mérité le statut de Cohen tout de suite après avoir tué Zimri pour sanctifier le nom d’Hachem ?

 

En fait, l’acte de Pin’has a eu 2 impactes, l’un envers Hachem pour le sanctifier et l’un envers les Bné Israël pour les épargner de la colère d’Hachem.

 

ð     Les ‘Hakhamim nous enseignent que le 2e impacte, était l’intention principale de Pin’has. Donc, son action est un acte de גמילות חסדים « GmilouteHassadim » (bienfaisance) envers tous les Bné Israël. Ce qui mérite une récompense comme l’explique le Midrash suivant :

 

Midrash :

 

à La Guemara précise que la récompense d’une Mitsva est délivrée dans le monde futur, comme il est dit : « Skhar bé’alma lika » (il n’y a pas de récompense sur terre)

 

à Et pourtant, dans notre Parasha, tout de suite après que Pin’has ait tué Zimri, Hachem lui accorda comme récompense une alliance de paix et le statut de Cohen comme il est dit :

 לָכֵן אֱמֹר הִנְנִי נֹתֵן לֹו אֶת־בְּרִיתִי שָׁלֹֽום « C’est pourquoi : Me voici qui lui donne mon alliance de paix »

אַחֲרָיו בְּרִית כְּהֻנַּת עֹולָם וְהָיְתָה לֹּו וּלְזַרְעֹו « Elle sera pour lui et pour sa descendance après lui une alliance de Pontificat (cohen) pour toujours… »

 

è En fait, la Michna (Massekhet Shabbat 127) nous enseigne : « Voici les vertus dont on touche l’intérêt dans ce monde et dont le capital est réservé dans le monde à venir ; à savoir : la piété familiale, la bienfaisance, la visite aux malades, l’hospitalité, la fréquentation matinale des synagogues, le rétablissement de la paix entre l’homme et son prochain, entre les époux, mais par-dessus tout est l’étude de la Torah. »

 

… A suivre ! ;o)


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