Paracha Matot-Mass’é – מַסְעֵי - מַּטּות
Ce Shabbat nous lisons
les Parashiot Matot et Mass’é, qui traitent tout d’abord des lois sur les « Nédarim » (vœux envers Hachem)
et leurs annulations, ensuite de la guerre contre le peuple de Midiane et enfin elle relate les péripéties du peuple juif durant les 40 ans
dans le désert avant de rentrer en Erets Israël…
Au début de la Parasha
Matot (Perek 30, Passouk 13), Moché Rabénou expose les différentes lois concernant celui ou
celle qui fait un vœu envers Hachem, et il est dit au
sujet d’une femme mariée qui fait un vœu, que son mari est en mesure de pouvoir
l’annuler le jour où il en est informé : וְאִם־הָפֵר
יָפֵר אֹתָם׀
אִישָׁהּ
בְּיֹום
שָׁמְעֹו֒ « Et si révoquer, son mari révoque le jour où il a
entendu, »
אִישָׁהּ
הֲפֵרָם כָּל־מֹוצָא
שְׂפָתֶיהָ
לִנְדָרֶיהָ
וּלְאִסַּר
נַפְשָׁהּ
לֹא יָקוּם « toute expression dite de ses lèvres
pour ses vœux et pour la défense de son âme ne tiendra pas, »
וַיהוָה
יִֽסְלַֽח־לָֽהּ
« et Hachem lui pardonnera. »
- Pourquoi a-t-on besoin de dire « et Hachem lui
pardonnera. » alors que son mari a annulé complètement son vœu ?
* Rachi explique déjà l’expression « et Hachem lui
pardonnera » dans le Passouk
6 en rapportant la Guemara Kidoushin
(Daf 81b) : Il s’agit d’une femme qui a fait un vœu de « Nézira » (s’interdit de boire du vin, de se couper
les cheveux,…), vœu que son mari, l’ayant appris, a annulé à son insu. Si elle a contrevenu à son vœu en buvant du vin ou en se
rendant impure au contact d’un mort, elle a besoin d’un « pardon »
malgré l’annulation intervenue. Si elle a
donc besoin d’un tel « pardon » pour des vœu annulés, à plus forte
raison en aura-t-elle besoin pour des vœux non annulés.
à Nous comprenons maintenant la
nécessité de se faire pardonner, étant donné qu’elle a transgressé son vœu sans
savoir qu’elle n’était plus tenue d’après la loi de le respecter. Mais même si
l’acte en soi était permis d’après les conditions de la loi, le fait est que l’intention
de faire cet acte là était mauvaise…
Pour schématiser ce que dit Rachi, les sages donnent l’exemple suivant
:
à Un juif qui tient un morceau de
jambon dans sa main, et s’apprête à le manger en étant persuadé qu’il s’agit d’un
morceau de jambon pas « Cahère », Et le
mange !
Et finalement il s’avère que c’était de la viande « Cachère ».
è Il devra tout de même se faire
pardonner en apportant un « Korbane » (sacrifice)
car là aussi, l’acte lui-même de manger ce morceau de viande était permis vu
qu’il était « Cahère », néanmoins,
l’intention était mauvaise.
* On raconte que Rabbi Akiva se mit à pleurer
lorsqu’il entendu cette explication, car il déduisit de cette explication, l’histoire
des 10 martyrs (explication
d’après la Kabala) :
Après la vente de Yossef par ses 10 frères (Sefer Berechit, Perek 44, Passouk 5), Yossef leur pardonna totalement et leur dit : הֵנָּה אֹתִי וְעַתָּה׀
אַל־תֵּעָצְבוּ
וְאַל־יִחַר בְּעֵינֵיכֶם
כִּֽי־מְכַרְתֶּם « Et
maintenant, ne vous attristez pas, ne vous fâchez pas parce que vous m’avez
vendu ici. »
כִּי
לְמִֽחְיָה
שְׁלָחַנִי
אֱלֹהִים לִפְנֵיכֶֽם
« Car c’est pour la subsistance que Hachem m’a
envoyé avant vous… »
à Finalement, Yossef lui-même
comprit que sa vente était pour le bien, car il en était décrété ainsi dans le
ciel... Et il pardonna totalement à ses frères de l’avoir vendu… Cependant, étant donné que l’intention de départ des 10
frères n’était pas « bonne », une punition devait survenir plusieurs
générations plus tard pour expier cette faute :
En effet, à l’époque de la destruction du 2e Temple, on décréta
que 10 des plus grands sages d’alors, seraient remis aux mains de Rome (« Edom »). Les âmes des fils de Ya’akov
furent enlevées du paradis, et placées dans le corps des 10 sages voués au
martyr.
Qui sont-ils ?
1. Rabbi CHIMON BEN GAMLIEL, père de Rabbi Yehouda
Hanassi qui compila la MICHNA.
2. Rabbi YICHMAEL, qui était grand prêtre.
3. Rabbi AKIVA lui même.
4. Rabbi YEHOUDA BEN BAVA.
5. Rabbi HANINA BAR
TARDION.
6. Rabbi YECHAVAV le
scribe.
7. Rabbi ELEAZAR BEN DAMA.
8. Rabbi HANINA BEN
HAKHINAÏ.
9. Rabbi HOUTSPIT LE
TRADUCTEUR.
10. Rabbi ELEAZAR BEN CHAMOUA.
ð
Tous les fils de Yaakov furent
réincarnés et tués, à l’exception de Réouven qui ne
méritait pas la mort, car il n’était pas là lors de la vente de Yossef…
(Pour plus de détails sur ces événements cliquez sur ce LIEN
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Remarque :
A l’occasion de « TICHA BEAV » (le 9 du mois
de Av), nous récitons une élégie commençant par le mot ESKERA et qui
rappelle la mort des 10 martyrs.
Dans la Parasha Matot (Perek 31, Passouk 2), Juste avant
que Moché quitte ce monde Hachem
lui demande de venger le peuple d’Israël en faisant la guerre contre Midiane, comme il est dit : אַחַר
תֵּאָסֵף
אֶל־עַמֶּֽיךָ נְקֹם
נִקְמַת
בְּנֵי
יִשְׂרָאֵל
מֵאֵת הַמִּדְיָנִים « Venge la Vengeance des fils d’Israël
des chez les Midianis, après tu seras réuni vers tes
peuples… », car ce
peuple de Midiane est intervenu dans une querelle qui
ne les concernait pas... et incita les Bné Israël à
la débauche et l’idolâtrie (sous le conseil de Bil’am)
comme nous l’avons vu dans la Parasha précédente…
- A priori on peut se demander s’il existe un enseignement particulier au
fait que la mort de Moché vient tout de suite après
cette guerre contre Midiane (sa dernière mission sur
terre) ?
D’après la Kabala on apprend de cette Parasha que pour la Mitsva de la
« Terouma » (Prélèvement à donner au Cohanim) la
mesure est de 1/50e. En effet, il est dit au sujet du butin de la
guerre (Perek 31, Passouk
30) : תִּקַּח׀
אֶחָד׀ אָחֻז
מִן־הַחֲמִשׁים « Tu
prendras une proportion parmi les cinquante »
Le mot « Térouma » (prélèvement) est du
même langage que « Harama » (la meilleure
partie, la chose la plus élevée).
à Le Midrash dit de Moshé qui a vécu
120 ans, qu’il est la « Térouma » (meilleur
parti) du « ‘Olam » (monde entier). En
effet, les ‘Hakhamim nous enseignent que le monde a
été créé pour exister 6000 ans, et que 1/50e de 6000 ans = 120 ans!
Apres la guerre
contre Midiane, il est rapporté dans notre Parasha les lois de « ToumA
/ Tahara » (Impurté
& Pureté) au contact d’un mort, et comment se purifier… comme il est
dit (Perek 31, Passouk
19) : הַשְּׁלִישִׁי
וּבַיֹּום
הַשְּׁבִיעִי
אַתֶּם
וּשְׁבִיכֶֽם כֹּל הֹרֵג
נֶפֶשׁ
וְכֹל׀
נֹגֵעַ
בֶּֽחָלָל
תִּֽתְחַטְּאוּ
בַּיֹּום « Quiconque a tué une âme et quiconque a
touché une dépouille, vous vous purifierez au 3e jour et au 7e
jour, vous et vos captifs… »
- Le Rambane pose la question suivante :
Pourquoi est il énoncé seulement ici dans notre Parasha
les lois de « ToumA / Tahara »,
pour se purifier après la guerre, alors que précédemment il y’eut d’autres
guerres contre les peuples de « Si’hone et ‘Ogue » et contre celui de « ‘Amalek » ?
En fait, de tout temps l’arme du juif était dans sa
parole, par ses « Téfilot » (prières) en se
tournant vers Hachem, contrairement à l’arme des
autres peuples qui était l’épée. Comme il est dit dans :
- Tehillim 20, verset 8
« Que les uns se fient aux chars, les autres aux
chevaux, nous nous réclamons, nous, du nom de l’Eternel, notre Dieu »
- Tehillim 149, verset 6 :
« Des hymnes louangeurs de Dieu sur les lèvres, une
épées à 2 tranchants dans leur main. »
à Et cela, Bil’am le Racha’ lui-même l’avait compris :
1)
En recommanda au peuple de Moav
et Midiane de s’attaquer spirituellement aux Bné Israël pour l’éloigner d’Hachem,
par la débauche et l’idolâtrie...
2)
En voulant maudire le peuple juif par sa propre « arme »,
c'est-à-dire par la parole… comme le précise Rachi (Perek
31, Passouk 8) : Il (Bil’am)
s’est dressé contre Israël en échangeant son savoir faire contre le leur. Car
Israël ne peut vaincre que par sa bouche, au moyen de la prière et de la
supplication, et lui s’est saisi de leur savoir faire pour les maudire par sa
bouche. Eux aussi ont
échangé leur savoir faire contre celui des nations, qui se présentent l’épée en main,
comme il est écrit : « Et tu vivras par ton épée » (Berechit
27, 40) »
ð
D’après l’explication de Rachi, nous comprenons que la
guerre contre le peuple Midiane, est bien la première
guerre où les Bné Israël ont utilisé l’épée pour se
venger... D’où la nécessité d’énoncer les lois de « ToumA/Tahara »…
Ensuite, il est rapporté aussi les règles de purifications des ustensiles
ayant appartenu à un Guoye. Comme il est dit (Perek 31, Passouk 20 - 24) : « … vous les purifierez… »
- Le Rambane pose alors la même question :
Pourquoi est il énoncé seulement ici dans notre Parasha
les lois de purification des ustensiles (du butin de la guerre), alors que
précédemment il y’eut d’autres guerres contre les peuples de « Si’hone et ‘Ogue » et contre
celui de « ‘Amalek » ?
La loi précise que si un ustensile est « Hefkere » (abandonné) par son propriétaire non-juif, alors un juif peut le récupérer et l’utiliser
sans être obligé de le purifier (en le trempant au Mikvé…)…
à Or pour toutes les guerres précédentes les Bné Israël devaient exterminer tous les peuples ennemis (ce
sui rendait les ustensiles avec un statut de « Hefkere »
(abandonné)) alors que pour la guerre contre Midiane,
il est préciser de laisser en vie les bébés (Perek
31, Passouk 18) : לָכֶֽם וְכֹל
הַטַּף
בַּנָּשִׁים
אֲשֶׁר
לֹא־יָדְעוּ
מִשְׁכַּב
זָכָר
הַחֲיוּ « Et tout jeune enfant parmi les femmes
qui n’ont pas connu de couche avec un mâle, laissez vivre pour vous… »
ð
Donc après la guerre de Midiane,
les ustensiles n’avaient pas un statut de « Hefkere »
(abandonné). Et c’est la raison pour laquelle il était nécessaire de les
purifier…
(D’après une Si’ha de la Parasha Massé du Rabbi de Loubavitch (extrait du Mayen ‘Haï))
La Parasha
Mass’é retrace toutes les étapes du peuple juif
depuis la sortie d’Egypte jusqu’à la fin des 40 ans passés dans le désert avant
de rentrer en Erets Israël.
Nous remarquons que lorsque
est mentionné le campement des Bné Israel à « Hor hahar » (la
montagne de Hor), il est aussi raconté la mort
de Aharon.
Ici, c’est la 2e fois dans la Torah (1ere fois dans Parasha ‘Houkat) où est raconté la mort de Aharon, et avec des détails : on mentionne sa mort par le « baiser divin », puis le déroulement de son départ de ce monde… Le 5e mois (le mois de Av) le 1er jour du mois (Roch ‘Hodesh) de la 40e année du départ de juif d’Egypte. Il était alors âgé de 123 ans…
- Pourquoi sont rapportés
tous ces détails dans notre Parasha et non pas
dans la Parasha ‘Houkat ? Pourquoi
raconter tout cela en détail alors que les péripéties du peuple juif sont rapportés brièvement ?
à Une des explication est que la Parasha
Mass’é est toujours lue à proximité du jour d’anniversaire
du départ de ce monde de Aharon Haconhen
(Roch ‘Hodesh Mena’hem
Av). Chaque année à cette époque, vient se réveiller l’événement qui s’est déroulé.
C’est pourquoi la torah raconte une fois de plus cet événement et avec plus de détails.
Car le moment de la lecture de la Parasha Mass’é tombe tout le temps à cette période.
è De là nous apprenons l’enseignement de bien respecter
les Shiourim quotidiens fixés (‘Hitat : étude journalière du ‘Houmach
avec l’explication de rachi, de même pour le Tehilim
et pour le Tanya, tel qu’a fixé le rabbi précèdent
z ‘’l), sans le repousser à un autre jour car chaque étude journalière
doit être lue le jour où il a été précisément fixée, moment où elle a toute sa
signification…
ð
Sachons
garder cet enseignement clé et fondamental de la Parasha
Mass’é, et comprenons qu’une ordonnance d’un Rabbi
constitue pour nous comme une « Takana »
d’un « Aneché Knessete
Hagedola ». Car dans le « Gualout » le seul support est le « Nassi Hador » (chef de la
génération).
Il en
est de même pour l’étude du Rambam qui a été fixé par
le Rabbi de Loubavitch.
Et
chacun devra s’efforcer de ménager un instant dans la journée pour réaliser comme
il se doit les Shourim fixés par nos Rabbi…