"Les associés"

A Avihaï AMAR –
Qu'Hachem te protège mon fils, pour que tu puisses suivre le chemin des Tsadikim VaHassidim Yr'é Shamaïm,
t'eloigner du mal et faire le bien, toujours dans la Sim'ha et la Emouna... Amen !

Lorsque l'on parle d'associés, il nous vient tout de suite à l'esprit l'idée d'un business ou d'un patrimoine en commun. Pourtant, la vie en société nous offre au quotidien, une multitude de partenariats avec ceux qu'hachem a décidé que nous fassions un bout de chemin, pour vivre une occasion particulière de partager ou de confronter ses propres points de vu, de comparer avec l'autre qui est si différent, et ainsi de grandir en se remettant en question sur sa propre personnalité, ses réactions, ses qualités humaines...

Pour prendre l'exemple le plus courant, l'union entre un homme et une femme est l'association par excellence de deux mondes complètement différents, et sur tous les plans. Ils deviennent ainsi des associés pour batir leur projet commun et surtout pour garantir l'avenir de leurs propres enfants, avec chacun "sa part" à réaliser dans cette association. Et il en est de même dans une relation de voisinage, entre amis, entre un patron et ses employés, ou entre un maître et son éléve... où il s'agit à chaque fois de partenariats spècifiques, une invitation à se réaliser dans son rôle respectif.

D'ailleurs, nos Sages nous enseignent que toutes ces occasions sont prédestinées par providence divine (Hachga'ha Pratit) pour la réparation de notre âme (Tikoun), et elles nous mèneront à la réalisation de soi, au travers de nos choix (pensées, paroles et actions) qui pencheront alors vers le bien et la construction ou vers le mal et la destruction, vers l'amour et la liaison ou la haine et la séparation...

Et c'est face à cette force du libre arbitre, qu'Hachem a décidé d'offrir à chacun dans ce monde, l'occasion personnelle d'orienter son destin à venir, principalement grace à ses choix et ses comportements de l'instant présent.

Voici une histoire rapportée du Meam Loez, qui porte un message de vie et de vérité, et rappelle qu'HM est le Maitre du monde qui régit notre monde par le principe de "Mida keneged Mida".

Deux associés voyageaient à travers villes et villages, vendant leur marchandise et partageant équitablement leurs gains. L'un deux, intelligent, mettait de coté ses revenus. L'autre était dépensier et gaspillait tout son argent en nourriture et en boisson si bien qu'il ne lui resta rien.

Par un jour de pluie, les deux marchands voyageaient à travers les montagnes quand l'homme dépensier se dit : "voila ma chance de me débarasser de mon associé et de m'approprier ses économies. Dans cet endroit désert, personne ne me verra". Il se mit à chercher querelle à son associé, se plaignant qu'il avait bien plus d'argent que lui. Quelques minutes plus tard, les deux hommes se battaient et, le gaspilleur étant le plus robuste des deux, il maîtrisa son partenaire et le ligota. Il sortit ensuite un couteau de sa poche, bien décidé à poignarder son associé.

L'homme économe le supplia d'avoir pitié de lui : "Ne me tue pas ! Si tu me tues, Dieu vengera ma mort et te tuera aussi. N'as tu pas appris la Micha (Pirké Avot 2.7) : "Parce que tu as noyé autrui, on t'a noyé ? Ne sais tu pas qu'un meurtrier ne reste jamais impuni ? "

"Idiot !" répondit l'autre. "Qui me verra ici, sur cette montagne déserte ? Quels témoins pourront-ils jamais me dénoncer.

"Ces gouttes de pluie seront mes temoins devant Dieu " répliqua l'associé ligoté à terre. "Si tu me tues, elles vengeront ma mort".

Se moquant de cette idée bizarre, le méchant le tua et s'empara de son argent. Il jeta le corps dans un profond ravin où personne ne pût le trouver et s'enfuit.

Trois jours après le meurtre, il arriva dans une ville à la coutume étrange : le roi exigeait de rester anonyme. Quiconque le reconnaissait était passible de la peine de mort.

Le jour où l'assassin arriva en ville, la pluie se mit à tomber à grosses gouttes. Il se réfugia sous un toit pour attendre une accalmie. Observant les gouttes de pluie, il se souvint des paroles des son associé et l'idée même d'une possibilité aussi ridicule l'amusa.

"Fou que tu étais, mon associé !" pensa t-il. "ces gouttes seraient-elles des témoins ?" Et il éclata d'un rire sonore.

A ce moment là, le roi passait par là. En voyant l'étranger rire, le roi se dit : "Cet homme m'a sûrement reconnu. C'est pour cela qu'il rit tout seul." Il ordonna à son garde du corps de se saisir de l'étranger et de le mettre à mort.

"Votre Magesté !" s'écrié le marchand. "Pourquoi me tuer ? Qu'ai je fait de mal ?"

Le roi répondit : "Tu n'es certainement pas fou pour rire sans raison. Tu as ri parce que, m'ayant reconnu, tu voulais qu'on m'identifie. Ceci est un crime de lèse-majesté !"

"Non, non, Votre Majesté ! Supplia l'homme. "Je ne savais absolument pas qui vous étiez ! Je n'en avais pas la moindre idée. C'est la première fois de ma vie que je viens dans cette ville. Si je riais, c'est que j'avais une toute autre raison de rire. Une idée amusante m'a simplement traversé l'esprit !"

"Je n'ai pas l'habitude de prêter l'oreille à des sottises" répliqua le roi. "Si tu me dis la raison pour laquelle tu riais, soit. Sinon, tu seras exécuté. Un homme normal ne rit pas sans raison."

Comprenant qu'il allait être tué d'une façon ou d'une autre, le marchand se dit que, s'il disait la vérité, il aurait au moins une chance d'être épargné. Il raconta toute son histoire au roi et conclut : "votre Majesté, c'est exactement ainsi que tout s'est passé. Mon associé avait dit que les gouttes d'eau seraient les témoins qui vengeraint sa mort. Lorsque j'ai vu les gouttes de pluies, je me suis souvenu des dernières paroles de mon associé et j'ai pensé que cette idée était totalement absurde. Des gouttes de pluies qui prêtent témoignage et vengent un meurtre !".

Les yeux fixés sur cet homme, le roi dit à ses serviteurs : "constatez la grandeur de Dieu ! Il agit envers chacun mesure pour mesure. Voyez de quelle façon Il a ordonné que des gouttes de pluies révèlent un vil meurtrier !"

Le roi obtint du meurtrier l'adresse de son ancien associé et fit en sorte que l'argent fut, en totalité, expédiè à sa veuve. Ensuite, le meurtrier fut mis à mort.

Comme la Michnah l'enseigne : "Parce que tu as noyé [autrui], on t'a noyé."


Le principe de כל ישראל ערבים זה לזה est un principe moral de responsabilité collective qui associe tous les enfants d’Israël les uns par rapport aux autres. C’est ainsi que je porte une part de responsabilité dans le comportement d’autrui, qu’il soit vertueux ou pervers, de même que tous les autres Juifs sont responsables de mes bonnes et de mes mauvaises actions (Guemara Chevou‘oth 39a).