Le « Yetser Hara’ » (Mauvais penchant) : יצר הרע

 

(Principalement d’après le Cours de Rav Choukroun, Yeshiva Yeshouot Yossef, Août 2004.

Et d’après les Chiourim de Rav Benchetrit)

 

Le monde a été construit avec la notion de ‘Dualité’ : bien/mal, blanc/noir positif/négatif haut/bas... On retrouve cette dualité dans la 1ere lettre du 1er Passouk de la Torah qui relate la création du monde : את השמים ואת הארץ בראשית ברא אלוקים « Au commencement Dieu créa le ciel et la terre ».

à La lettre ב : 2e lettre l’alphabet qui a pour valeur numérique 2.

 

Sans cette notion de dualité, l’homme ne pourrait pas avoir de repère, et n’aurait pas la capacité de s’orienter ou de percevoir les choses tel qu’elles le sont vraiment.

 

Exemple :

 

- Si tout l’Univers ne comportait qu’une seule couleur (Disons le bleu), alors personne ne pourrait remarquer qu’il s’agit d’une couleur ! Et encore moins du bleu ! Car l’homme a besoin de références pour distinguer les choses…

 

De même qu’il existe un « Yetser ara » (mauvais penchant), il existe aussi un « Yetser Atov » (bon penchant), afin d’offrir à l’homme l’opportunité de choisir consciencieusement son chemin, car la vie dans ce monde se résume en un ensemble de choix qui tend vers le bien ou le mal…

 

à Si un homme n’avait pas de choix, il n’aurait jamais pu évoluer par lui même !

Il passe par ce monde matériel pour exister à travers ses choix, et agir ainsi sur l’évolution de son ‘âme éternelle’ qui l’anime.

C’est ce qu’on appelle avoir le « libre arbitre ».

 

La vie dans ce monde ici bas, tout comme le corps ne sont pas éternels !

Nous nous devons de la voir comme une opportunité précieuse et temporaire, attribuée à tout un chacun, pour faire évoluer notre âme spirituellement, avant d’accéder à sa place respective méritée dans le monde spirituel qui l’attend là haut.

 

Durant toute sa vie, l’homme est constamment mis à l’épreuve et surtout lorsqu’il s’agit d’accomplir une « Mitsva » (Commandement de la Torah).

 

à Il existe un « Yetser Ara » avant et pendant  l’action de faire une « Mitsva » , pour diminuer notre enthousiasme et nous décourager de la faire, ou même nous dissiper…

 

à Il existe aussi un « Yetser ara » après la « Mitsva », qui nous amène des fois à regretter notre « Mitsva » pour X raisons ! Or si tel est le cas, notre mérite s’en retrouvera vraiment diminué, car la « Mitsva » doit se faire « Bessim’ha » avec joie et sans regret.

 

 

Schématisons cela par 3 exemples :

 

1) Un bon juif qui travaille dur et qui donne le « Maasser » (le 10e de ses revenus) à la « Tsedaka » (œuvre de charité), décide un jour de garer sa voiture juste le temps de monter déposer un chèque à une association qui s’occupe des pauvres de la communauté... Il retrouve sur le par brise de sa voiture, un PV presque du même montant que son dont ! :o) Alors s’il regrette son geste à cause de son PV, il perd la valeur de sa « Mitsva ».

à Et c’est là, malheureusement, qu’agit le « Yetser Ara » après l’action.

 

2) Une famille qui organise une « Séoudat Mitsva » pour la mémoire d’un proche, et qui par exemple, pour les préparatifs, se dispute pour X raisons et casse le « Shalom »…

à La valeur de la « Mitsva » est dégradée avant même de l’accomplir.

 

3) Prenons l’exemple courant d’un « Baalé Tchouva » qui fait le grand saut et passe en général presque d’un extrême à l’autre. Il découvre la religion, éprouve quelque chose de fort et s’investi avec beaucoup d’enthousiasme. En général, au départ, tout se passe pour le mieux… Jusqu’au jour où, forcément, les difficultés se présentent à lui et le mettent à l’épreuve de plus en plus…

 

à En fait, au début Hachem donne un coup de pouce pour le mettre dans le droit chemin car, comme l’enseignent nos Hakhamim :

 הבא ליטהר מסיעין אותו « Celui qui décide de se purifier (d’être dans le droit chemin), le ciel l’aidera… »

 פתחו לי פתח כחודו של מחט ואני אפתח לכם פתח כפתחו של אולם « Ouvrez moi juste une petite ouverture tel un trou d’aiguille et je vous ouvrirez les portails d’une grande pièce… »

 

à Ensuite, à la vue des difficultés, il peut avoir des doutes sur le choix de sa voie… Mais il faut savoir que la Guemara Shabbat nous enseigne que l’homme touche Tout le Capital de ses bonnes actions dans le monde futur, et seulement un petit intérêt dans le monde ici bas.

 

 

Donc il ne faut pas attendre en retour de nos bonnes actions, une récompense dans ce monde ici bas… Car s’il y’en avait, tout le monde se serait orienté vers le droit chemin, or là même est l’épreuve !

 

Il faut alors être heureux de ce que l’on a acquis en Bien et avoir la volonté d’acquérir encore plus, en essayant de surmonter les épreuves même si ce n’est pas toujours simple…

 

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Rabbi Israël Salenter enseigne que l’Homme a 2 Yetser Hara’ :

 

1)     Un Yetser Hara’ naturel qui s’exprime à travers des pulsions ou des désirs corporelles non conformes aux lois de la Torah

(ex : envie de tuer par haine ou vengeance, manger et boire ce qui est interdit d’après la Torah, débauche, avoir la flemme de se lever tôt pour faire sa Téfila et mettre les Téfillin…)

 

C’est au sujet de ce penchant là qu’il est enseigné dans le Pirké Avot : עברה

 גוררת עברה « Une mauvaise action en engendre une autre ».

Il faut donc réagir vite !!

 

à Si l’homme n’est pas maître de ses désirs il ne dépasse pas le niveau de l’animal qui fait appelle à son instinct & ses pulsions, et non à la réflexion.

 

è Si l’homme ne prend pas conscience de ses mauvais actes pour y remédier rapidement, il dévie du droit chemin jusqu’à progressivement ne plus prendre conscience du mauvais qu’il y’a dans ses actions.

 

è La Téchouva nécessite un travail continu sur soi sans perdre espoir d’y arriver un jour, même si ce n’est pas toujours évident… Le principal étant de comprendre et regretter ses erreurs, puis de persister à tenter de changer les choses dans le bon sens…

 

Exemple : LE SHABBAT & Le Yetser Hara

 

Le Shabbat est le signe qui distingue Israël des autres peuples. A l’exemple d’Hachem qui le 7e jour termina l’œuvre de la création, nous célébrons par le repos, le 7e jour de la semaine, en le consacrant à la prière et à l’étude de la Torah.

De tout temps nos ancêtres étaient prêts à donner leur vie pour ne pas renier la foi juive en un Dieu unique.

Le 4e des 10 commandements nous demande de sanctifier le jour du Shabbat. C’est principalement le respect de ce commandement qui préserva le peuple d’Israël jusqu’à aujourd’hui.

Avant il était inimaginable de voir un juif transgresser le jour de Shabbat.

 

1- Prenons l’exemple du juif Israélien moyen qui a été amené une fois à transgresser le Shabbat pour X raisons ! On imagine qu’il a du avoir un gros pincement au cœur la première fois (s’il avait un minimum conscience de l’importance du jour du shabbat)…

 

2- Puis après tout il se sent JUIF plus par son attachement à la terre (les coutumes juives simples, le service national…) que par l’application de la Torah…

 

3- Il continue à transgresser le shabbat, et en arrive même à faire des grillades en famille le jour du Shabbat… On imagine que les grillades passeront difficilement les premiers temps (s’il avait un minimum conscience de l’importance du jour du shabbat) mais pas si longtemps que ça, car le Yetser Hara’ est très fort…

 

4- Puis, au fur et à mesure il s’enfonce et s’éloigne de la Torah… Son acte devient à ses yeux quelque chose de permis… voir même une Mitsva recommandée !!! Mais où va l’ignorance ??? 

 

à Pour lui, le Shabbat se résumera désormais à faire des grillades en famille dans un jardin ! Alors qu’il est strictement interdit d’allumer le feu et de cuisiner ce jour là…

 

è Le Yetser Hara’ naturel influence progressivement l’homme à enfreindre l’interdiction, jusqu’à l’en persuader, qu’après tout c’est une permission voir même une recommandation !! Et c’est très grave !...

 

 

2)     Un Yetser Hara’ spirituel qui est représenté dans la Torah par l’image du serpent.

(ex : Serpent qui incita ‘Hava et Adam à fauter).

 

A ce niveau là, la ‘Avéra (faute) est très grave car aussi petite quelle soit, elle n’a en général aucune attraction particulière... C'est-à-dire que c’est un état où l’homme  faute « pour fauter » sans avoir un réel intérêt à le faire !!

 

à A ce stade là, en général l’homme ne fait pas Téchouva, et se rebelle complètement contre Hachem

 

è Seule la Miséricorde d’Hachem peut intervenir pour aider l’homme à s’en sortir et éviter d’aller tout droit au « Guehinom » (l’enfer)… (Exemple : Hachem lui inflige par exemple de très grandes souffrances qui pourront  expier ses fautes dans ce monde et l’inciter à faire Techouva ne serait ce qu’un petit instant avant qu’il ne quitte ce monde…)

 

Exemple Détaillé : Histoire de la Rébellion de Kora’h et ses 250 hommes

            (Sefer Bamidbar, Parashat Kora’h)

 

Kora’h est animé d’un désir de pouvoir et d’honneur qui attise sa jalousie vis-à-vis de ses propres cousins Moché et Aharon, et le pousse à médire d'eux et de Hachem. Il est accompagné d’une assemblée de 250 hommes pour se rebeller contre Moché et revendiquer l’état de « Cohen Gadol » (grand prêtre)…

 

à (Perek 16, Rachi 6) Moché dit  : « ce sera l’homme que choisira Hachem, lui le saint », et propose : « Voici donc pour vous le service le plus éminent qui soit : la combustion de l’encens, laquelle est, de toutes les offrandes, celle dont il est fait le plus grand cas. Mais il s’y trouve un poison mortel par lequel ont été consumé Nadav et Avihou», … « Celui qu’Hachem choisira restera en vie »

 

è (Perek 16, Rachi 7) Rachi enseigne :

«  Se peut- il qu’ils aient été assez insensés pour oser faire une offrande après avoir été ainsi avertis ? » 

 

ð      En effet, seul le Grand Prêtre Aharon survivrait à cette épreuve ! leur persistance devient insensée…

 

« En réalité, c’est envers eux-mêmes qu’ils ont péché, comme il est écrit : « Les encensoirs de ces pécheurs là avec leurs âmes… ».

 

ð      C’est avec leurs âmes qu’ils ont fauté, en effet, leur faute n’avait aucun intérêt dans ce monde ici bas, et n’était animée d’aucun désir ou plaisir particulier…

ð      C’est le Yetser Hara’ spirituel qui est en action

 

« Et Kora’h, qui était pourtant perspicace, quelle raison l’a-t-elle poussée à cette stupidité ? C’est sa vision qui l’a induit en erreur : Il a vu dans sa descendance une noble lignée, dont Chmouel, présenté comme valant à lui seul Moché et Aharon réunis, et par le mérite de qui,  il s’est dit qu’il allait être sauvé… »

 

ð      Kora’h a péché par le corps, car il désirait avoir le pouvoir et les honneurs… Et son désir tenait sur sa persuasion qu’il y arriverait…

ð      C’est le Yetser Hara’ naturel qui est en action

 

 

Remarque :

 

Nous trouvons dans la Parasha Ki-Tavo une série de malédictions qu’Hachem promet d’infliger à Israël, s’il ne se conduit pas dans le droit chemin de la Torah & Mitsvot… et inversement une série de bénédictions si Israël respecte Torah & Mitsvot.

 

Le gros de la malédiction consiste en l’exil du peuple juif.

à Il devra quitter de force sa terre et des lourdes épreuves seront endurées (souffrances, persécutions, assimilation…).

 

- Nos sages demandent : Comment Hachem peut- il infliger à ses enfants (Israël) un tel sort, qui met d’avantage Israël dans une situation difficile et l’éloigne encore plus de sa source… ?

 

à Nos sages répondent que tout est calculé dans le ciel, et que ces épreuves ne sont pas sensées mener à la perte du peuple juif.

 

è De plus, chaque « Néchama » devra réparer ses fautes tôt ou tard. Il s’agit de fautes du corps et non de l’âme juive profonde…  Comme il est dit dans la prière de Kippour : J’ai fauté mais pas par rébellion, jamais contre Toi… je serai toujours ton serviteur…  SHEMA ISRAEL HACHEM ELOUHENOU HACHEM E’HAD.

Donc cette faute reste réparable par la Téchouva, car il s’agit d’une mise à l’épreuve par le Yetser Hara’ naturel…

 

Kol Touv

Yoël.A